SpO2 est une performance au cours de laquelle Anne et Jean Rochat s’immergent dans un plan d’eau et respirent

à l’aide d’un seul tuyau partagé. A l’autre extrémité du tuyau, huit personnes actionnent des pompes à vélo pour les alimenter en air, via une citerne modifiée et un com- presseur. L’action est minimale, mais vitale : pendant deux heures, les performers ne font rien d’autre que respirer, pour se maintenir en vie. Sous l’eau, deux caméras captent la scène, retransmise sur un écran à la surface. Des micros enregistrent le son sous-marin, travaillé en direct par deux musicien.ne.s qui le rediffusent sous l’eau et pour le public. Un double système d’interactions s’établit ainsi entre

le fond et la surface, par le flux de l’air et par celui du son. Depuis longtemps, Anne Rochat s’intéresse et se

confronte à l’eau : dans 3MAT (2015) elle traverse à la nage, de jour et de nuit, le Lac de Joux dans sa longueur, dans Obsidian (2017) elle enlace, nue, un bloc de glace fondant, dans Hic & Nunc (2018) elle traverse les 120 kilomètres

de longueur du Salar de Uyuni en Bolivie. En hiver 2021, elle immerge des parties de son corps sous la glace et se photographie, dans la série Lù Tòrrèn. Avec SpO2, elle va plus loin et initie le cycle de performances et de recherche Histoire d’O autour de l’élément eau, en étroite collabo- ration avec son frère jumeau Jean Rochat.

L’eau est indispensable à la vie, mais peut mettre la vie en péril. L’immersion longue dans cet élément vise à pointer la tension et la fragilité inhérentes à ces forces opposées. La mise en danger des deux individus a valeur de métaphore de l’interdépendance des êtres, du vivre ensemble, d’un monde bouleversé dans lequel l’humain reformule la place qu’il occupe. Avec SpO2, Anne Rochat approfondit ses explorations des résistances physiques et psychiques du corps humain, sur fond de réflexion sur des enjeux écologiques.

In corpore

CC: Nora Rupp - MCBA - Lausanne

Commissaire de l’exposition : Nicole Schweizer, conservatrice art contemporain

Création musique - exposition: Laurent Bruttin

Collaborations artistiques images - vidéos: Sophie Ballmer, François Bovy, et Juan David Suarez

Collaborations musique - vidéos: Laurent Bruttin et Ariel Garcia

Collaborations artistiques projets: Sarah Anthony, Sophie Ballmer et Jean Rochat

Sincères remerciements à : Sophie Ballmer, François Bovy, Laurent Bruttin, Manon Piel, Jean Rochat, Nicole Schweizer, Juan David Suarez et Yang Zhang, ainsi qu’à Sami Benhadj, Sarah Anthony, Jérôme Bourquin, Laure Gaillard, Lydie Rochat et à toute l’équipe du MCBA

https://www.mcba.ch/expositions/anne-rochat-in-corpore/

Se déclinant essentiellement au moyen de la performance, élaborée en réponse à des situations et des lieux donnés, la pratique d’Anne Rochat consiste, comme elle le formule, « à faire l’expérience sensible du déplacement, de l’inconfort, de l’exotique, du dérangeant ou de l’étonnant puis de chercher à en restituer la substance dans une forme incarnée dans un corps, généralement le mien ». Si certaines performances visibles dans l’espace d’exposition ont initialement été réalisées en live face à un public et s’appréhendent ici en différé au moyen de la vidéo, d’autres, réalisées par l’artiste en solitaire sous le nom de son alter ego Doris Magico, n’existent que par la captation vidéo. Anne Rochat concentre ainsi en un seul espace des géographies allant de l’Amérique latine à la Chine en passant par l’Inde et la vallée de Joux, et condense dans le temps bref de l’exposition les temps longs de la pratique performative.

L’exposition elle-même est rythmée par le renouvellement des vidéos toutes les trois semaines, le montage des images s’effectuant ainsi sur la durée et soulignant l’importance des processus, des flux et des mouvements dans le travail de l’artiste. Au fil des trois séquences qui constituent l’exposition, les visiteuses et visiteurs suivent l’évolution de ce double personnage – Anne Rochat et son alter ego Doris Magico –, qui se frotte au monde en solitaire pour en éprouver les résistances et les possibles, tout en testant sa propre endurance. Le corps de l’artiste devient l’instrument qui lui permet d’être à la fois à l’écoute du monde et de se mettre en résonance avec lui.

Cinq chapitres du cycle de performances Doris Magico sont présentés à travers un choix des vidéos qui les constituent : du chapitre qui ouvre à celui qui clôt la série, réalisés tous deux à Lausanne (Doris Magico, 2009 et Exit-Doris Magico, 2020), en passant par les chapitres réalisés en Inde, à Varanasi (Doris Magico – Made in India, 2011), et en Chine, l’une dans l’immensité de la région du lac Qinghai (Doris Magico – Back to the Wall, 2018), l’autre dans le contexte urbain de Chongquing (Doris Magico’s Nose is Facing Chongqing, 2019).

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ENG

Expressed mainly as performances worked out in response to given contexts and spaces, the artist’s practice involves, as she puts it, “the sensory experience of displacement, of discomfort, the exotic, the disturbing or the surprising, and then the attempt to recreate the substance of all that in a form made flesh in a body – usually my own.” While some of the videos shown in the exhibition space are the record of performances that were originally given in front of an audience and are experienced here in deferred fashion, others, made by the artist alone under the name of her alter ego, Doris Magico, were produced directly for the camera. Anne Rochat is therefore bringing together in this single exhibition space geo- graphical locations ranging from Latin America to China, from India to the Joux Valley, condensing into the short time of the exhibition space the long development of her performative practice.

The renewal of the videos every three weeks lends the show its rhythm, with the montage of images playing out in a long timeframe and underscoring the importance of processes, flows, and movements in the artist’s work. Through the three sequences that constitute the exhibition, visitors thus follow the development of this twofold persona, Anne Rochat and her alter ego Doris Magico, who measures her- self in a solitary relation to the world in order to experience its possibilities and impossibilities, while putting her own endurance to the test. The artist’s body becomes the instrument that enables her to both closely listen to the world and resonate with it.

A selection of videos from the five chapters of the Doris Magico cycle of performances is presented here. The opening and closing chapters (Doris Magico, 2009 and Exit-Doris Magico, 2020) were both made in Lausanne, while the others were shot in India, at Varanasi, (Doris Magico – Made in India, 2011), and in China, one in the vast Lake Qinghai region (Doris Magico – Back to the Wall, 2018), the other in the urban environment of Chongqing (Doris Magico’s Nose is Facing Chongqing, 2019).

Lù Tòrrèn

Série de 100 performances photographiques aquatiques et sous la glace dans des cours d’eau aux environs de la Sage, Val d’Hérens, Valais, CH, réalisées durant tout le mois de février 2021

Dimension : 27cm x 27cm, photographie couleur

( possible tirage plus grand)